jeudi 6 janvier 2011

Le mage nous parle de lui

Bonjour chers lecteurs !

Le 6 janvier de l'année dernière, nous avons eu une soirée un peu particulière au Groupe Biblique Universitaire de Dijon, spécial Épiphanie. A cette occasion, nous avons eu un visiteur venu de très très loin : un mage venu de Perse qui est venu nous raconter son histoire, ce qui lui est arrivé il y a plus de 2000 ans. Plus sérieusement, c'est moi qui ai emprunté une djellabah et un turban à un ami de promo d'origine iranienne, et ai fait un sketch, façon conte oriental : un des mages qui vient aujourd'hui nous raconter son histoire de son point de vue. L'occasion pour nous de découvrir l'histoire de personnages peu connus, desquels on parle généralement assez peu, mais desquels je pense cependant que nous avons énormément de choses à apprendre. L'occasion de sortir du folklore pour redécouvrir ce que les Evangiles disent vraiment de ces personnes. Tout d'abord il n'est dit nulle part qu'ils étaient rois, cette idée vient d'une prophétie dans le chapitre 60 du livre du prophète Esaïe, qui dit que le Messie sera adoré par des rois. Ensuite, leur nombre n'est pas donné, même si on peut supposer qu'ils étaient 3 parce qu'ils ont offert 3 cadeaux. Enfin, leurs noms ne sont pas donnés, les noms de Melchior, Kaspar et Balthasar qu'on leur attribue souvent datent du V° Siècle. Et l'occasion aussi pour moi de partager avec mes amis deux de mes passions : l'écriture d'invention, et les cultures orientales. La soirée s'est terminée par une galette des rois, avec cérémonie de couronnement par le mage ^^.

Cette année, j'étudie en Espagne avec Erasmus et dans ce pays, l'Epiphanie est une fête beaucoup plus importante qu'en France, presque comme un deuxième Noël. Alors, j'ai eu envie de transformer mon sketch en un texte. J'ai gardé toutes les plaisanteries que j'ai faites l'année dernière, plus celles que j'avais l'intention de faire et que j'ai finalement laissées faute de temps, et j'ai essayé de mettre l'accent sur les idées importantes. Voici le résultat, publié aujourd'hui pour le jour de l'Epiphanie.

Je voudrais aussi dire un grand merci à Estelle, une amie qui a un grand talent de dessinatrice, pour le très beau dessin du mage qu'elle a accepté de me faire pour illustrer mon texte.

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Bonjour ! Ruz bihair ! Ruz bihair c'est une salutation dans ma langue, le persan, cela signifie la même chose que salam aleikoum. Salam aleikoum, que la paix du Christ soit sur vous. Non ? Ça ne veut pas dire ça ? Tant pis !

Je vais vous raconter une histoire vraie, qui m'est arrivée il y a très, très
longtemps... il y a exactement 2011 ans aujourd'hui. A l'époque, je vivais dans mon pays, la Perse, héritier d'un prestigieux Empire disparu 300 ans auparavant. Ma patrie a toujours su garder une grande partie de la splendeur de son passé, mon peuple et fier de la richesse de notre très ancienne civilisation, et dans mon pays, j'étais réputé comme un grand savant, un des hommes les plus sages de Perse. J'avais passé ma vie à étudier toutes les sciences que mon peuple a héritées de nos glorieux ancêtres : la littérature et la poésie... les mathématiques... l'histoire... la géographie... l'art...et surtout, la reine de toutes les sciences : l'astrologie. Nos ancêtres nous ont appris que là-haut, dans le ciel étoilé, était écrite la destinée de l'humanité. C'est pourquoi les plus grands savants de mon peuple étudiaient sans relâche le cours des étoiles, afin qu'en perçant ses mystères nous puissions connaître l'avenir. De toutes les sciences du vieil Empire perse, la science des étoiles est la plus noble. Toutes les nuits, j'observais le ciel étoilé, j'étudiais les mouvements de chaque étoile, et je cherchais à les comprendre à l'aide des vieux manuscrits que mon peuple a hérités des sages des temps passés.

Et c'est ainsi qu'une nuit, en observant le cie
l, j'ai découvert quelque chose que je n'avais jamais vu auparavant. Une nouvelle étoile s'est levée, brillante, différente des autres, et tout en elle donnait à sentir qu'elle était venue annoncer un événement important. J'en ai immédiatement parlé avec mes amis, tous d'illustres savants comme moi, et nous étions tous d'accord : cette étoile est un signe qui montre que quelque chose d'exceptionnel vient de se produire. Nous avons consulté les vieux livres sacrés, et voici ce que nous avons découvert : lorsqu'une telle étoile se lèverait, ce serait le signe de la naissance d'un nouveau Roi !

Lorsque nous avons fait cette extraordinaire découverte, nous avons immédiatement décidé de
seller nos chameaux et de suivre cette étoile, sachant qu'elle nous mènerait à ce Roi nouveau-né, pour que nous puissions lui rendre hommage. C'est ainsi que nous sommes partis pour un très long voyage, et que nous avons traversé le désert, avec nos chameaux chargés de fabuleuses richesses que nous désirions offrir à ce Roi, pour arriver finalement dans un pays qui nous était inconnu, un tout petit pays d'apparence insignifiante, parce que c'est là que l'étoile nous a menés : Israël.

Pendant ce long voyage, mes amis et moi avons pr
ofité de la distance pour nous renseigner sur ce peuple étranger auquel nous allions rendre visite. Nous avons fait des recherches sur la culture, sa langue, ses coutumes, et évidemment, surtout, sur la religion. Et là, nous avons découvert que ce mystérieux peuple... n'adore qu'un seul dieu. Un dieu unique... Chez nous en Perse, on prend tous les dieux qu'on peut trouver, comme ça on est sûrs d'avoir les bons ! L'avantage aussi, quand on a plusieurs dieux, c'est que si on a un problème avec l'un d'entre eux, on peut aller vers un autre pour qu'il nous protège... mais si on n'en a qu'un, qui nous protègera de sa colère ? Franchement, un peuple qui n'a qu'un seul dieu c'est comme un homme qui n'a qu'une seule femme ! Inimaginable !

Puisque le voyage était long, et que nous ne pouvions voyager que la nuit puisque le jour l'étoile était invisible, nous
avions beaucoup de temps pour étudier. Nous avons donc lu les livres sacrés de ce peuple. Et cela nous a beaucoup donné à réfléchir. Leur dieu se décrivait lui-même comme le seul vrai Dieu, le Créateur de toute chose, et le Seigneur de tous les hommes et du monde entier... c'était une idée totalement nouvelle pour nous, qui étions habitués à notre Panthéon de dieux et de mythes. Notre peuple adorait aussi le Soleil, la Lune, le feu, l'eau et le vent... ce Dieu affirmait avoir créé toutes ces choses et être celui par lequel elles existaient ! L'ensemble des livres sacrés de cette religion avait été écrit sur une période de plus de 1500 ans, par des personnes qui vivaient à des endroits très différents, à des époques très différentes, dans des cultures très différentes et avec des circonstances de vie très différentes. Il n'y a a priori aucun lien entre tous ces livres dans leur rédaction, et pourtant, un même esprit les anime tous, leur message est le même et ils sont cohérents entre eux... au-delà des hommes qui ont mis ces textes par écrit, leur véritable auteur serait-il Dieu lui-même ? Et ce qui nous réjouissait le plus : ces livres disaient que Dieu a d'abord choisi un peuple du milieu de toutes les nations pour se révéler à lui, mais qu'un jour il se ferait connaître à tous les peuples par son Messie, son Oint, qui viendrait sauver tous les hommes. Ce Messie, n'était-ce pas justement le Roi à qui nous venions rendre hommage ?

Lorsque nous sommes finalement arrivés dans ce pays, nous pensions que maintenant nous n'avions plus besoin de l'étoile : le nouveau Roi était certainement né dans la capitale, Jérusalem, et dans le Palais Royal dans lequel avait vécu jadis le glorieux roi David duquel parlent les livres sacrés. Nous pensions que toute la ville serait en fête pour célébrer la naissance du nou
veau Roi. Mais quand nous sommes arrivés à Jérusalem, grosse déception : le palais de David est en ruines depuis longtemps, la vie suit son cours normal et même, personne dans la ville n'a entendu parler de la naissance d'un nouveau Roi. L'événement le plus important de toute l'histoire de ce peuple serait-il passé totalement inaperçu ?! On nous conduit finalement devant le roi d'Israël, qui est surpris : il n'a pas eu de fils récemment. Finalement, il interroge ses responsables religieux, qui répondent que le Messie naîtra à Bethléhem, une petite ville de province sans importance particulière. Nous avons appris ici une leçon très importante : notre sagesse humaine peut nous conduire à chercher Dieu, mais jamais à le trouver, seule sa Parole peut nous conduire à le connaître.

Nous reprenons donc la route et nous rendons à Bethléhem. Lorsque nous arrivons, nous
voyons que l'étoile que nous avons suivie depuis notre pays s'est arrêtée juste au-dessus de la ville. Nous allons à l'endroit précis au-dessus duquel se trouve l'étoile... Serait-ce ici que se trouve le Roi que nous sommes venus chercher ?

Nous frappons à la porte. Un homme vient nous ouvrir, il a l'air très surpris de nous voir, il faut dire qu'avec nos habits étrangers et les trésors que portent nos chameaux, nous nous faisons facilement remarquer. Lorsque nous expliquons qui nous sommes et pourquoi nous sommes là, il est encore plus perplexe. Il nous fait entrer et nous conduit à l'intérieur. Là, nous voyons sa femme... et le petit bébé qui dort dans ses bras : le Roi à qui nous sommes venus rendre hommage !!!

Alors que mes amis
et moi nous agenouillons devant l'enfant pour l'adorer, un profond bonheur m'envahit. La naissance de cet enfant est le cadeau le plus précieux de toute l'histoire de l'humanité. Cet enfant, c'est Dieu lui-même, le Créateur qui devient créature, qui s'unit à sa création jusque dans la misère et dans la pauvreté. C'est ce que tout bon souverain ferait par amour envers ses sujets : ne pas rester dans sa tour d'ivoire, mais venir partager leur quotidien. Quand j'y réfléchis, je réalise à quel point cela dépasse tout ce que la sagesse humaine peut comprendre : ce petit être si fragile, c'est le Dieu qui a créé les Cieux et la Terre ! C'est incompréhensible, et pourtant je crois que c'est vrai.

Après avoir adoré l'enfant, nous lui offrons nos cadeaux. De l'or : le métal le plus précieux, le
symbole de la Royauté. Cet enfant est le Roi du monde. De l'encens : un parfum de bonne odeur, que nous brûlons dans nos temples, en l'honneur de nos dieux. Cet enfant est divin, il est Dieu devenu homme. Et enfin, de la myrrhe : un parfum utilisé pour embaumer les morts. Là, il s'agit d'un mystère que nous ne comprenons pas encore pleinement, mais nous savons que cet enfant devra souffrir et mourir pour sauver l'humanité et nous réconcilier avec Dieu.

Nous sommes ensuite retournés dans notre pays, mais jamais nous n'avons oublié ce qui s'était passé. Djalâl ad-Dîn Rûmî, un poète de mon peuple, a écrit une poésie dans laquelle Dieu dit : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé. » Dieu a mille et unes manières de conduire les hommes à lui. Mes amis et moi n'avions aucune connaissance de ce Dieu, et nous l'avons cherché de la plus étrange des manières, par les pratiques spirituelles païennes de notre peuple et même par des voies que Dieu condamne. Et pourtant, dans son amour, le Dieu unique s'est laissé trouver par nous.

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