Alors voici comme promis l'article prévu depuis longtemps sur C.S. Lewis, l'auteur des Chroniques de Narnia. On en a beaucoup parlé ces dernières années, puisque Disney est en train d'adapter ses œuvres au cinéma, et il y a eu beaucoup de polémiques autour des films. Surtout, au sujet de l'inspiration chrétienne de ces "histoires pour enfants"... certains allant jusqu'à s'inquiéter de la production par Disney d'un "outil de prosélytisme" par lequel nos chères têtes blondes qui ne sont pas encore en âge d'en comprendre le danger de cette manipulation seraient "endoctrinés" au christianisme... alors comme ça le cinéma a le droit de s'inspirer de tout et n'importe quoi, ça ne choque personne, mais pas de l'Evangile, là c'est choquant... Mais effectivement, on ne peut pas nier que l'inspiration chrétienne est omniprésente dans les Chroniques de Narnia, et même J.R.R. Tolkien, le meilleur ami de Lewis par lequel celui-ci est devenu chrétien (et accessoirement l'auteur du Seigneur des Anneaux) lui reprochera la présence de symboles chrétiens trop évidents dans L'Armoire magique. J'avais depuis longtemps prévu d'écrire un article sur la vie de C. S. Lewis, et sur comment il a découvert cette foi chrétienne qui est devenue la source d'inspiration de son œuvre. Je profite donc de la sortie aujourd'hui du 3° film pour écrire cet article.
Lire la suite
Clive Staples Lewis est né le 29 novembre 1898 à Belfast en Irlande du Nord. Il était professeur de littérature dans une des deux plus prestigieuses universités britanniques : l'Université d'Oxford. Il est considéré comme un des plus grands écrivains et philosophes britanniques du XX° Siècle, et il est surtout connu dans le milieu chrétien comme un fameux théologien et apologète. Pourtant, rien ne le destinait a priori à devenir connu dans le monde entier comme philosophe chrétien ! Au contraire, à l'âge de 30 ans alors qu'il était jeune professeur à Oxford, il était athée convaincu. Comment donc a-t-il pu changer aussi radicalement ? Il raconte son cheminement d'une façon très détaillée dans son autobiographie, Surpris par la Joie... enfin, je ne sais pas si on peut vraiment appeler ça une autobiographie, dans la mesure où les 3/4 ne parlent pas de sa vie mais des livres qu'il a lus à différents moments de sa vie. Il y aurait énormément de choses à dire, pas facile du tout de résumer... je vais néanmoins essayer de faire une synthèse pour que mon article ne soit pas trop long.
Sa famille appartient à l'Eglise anglicane, et Lewis est élevé dans la foi chrétienne, mais il écrit dans son autobiographie que ses parents ne participaient à la vie de l'église que d'une façon formelle, parce qu'ils considèrent que la religion fait partie des devoirs de la vie publique comme le service militaire ou le payement des impôts, mais sans avoir de réelle foi personnelle. C'est toutefois par les cantiques de l'Eglise anglicane qu'alors que Lewis n'est qu'un enfant naîtra sa passion pour la littérature et la poésie. Pendant son adolescence, il découvre les mythologies, d'abord nordique puis celte et grecque, et il est fasciné par ses nouveaux mondes merveilleux. C'est durant cette période qu' il s'éloigne de la foi chrétienne, et à l'âge de 15 ans il devient athée.
Immédiatement après, le jeune Lewis passera par une courte période où il s'intéresse à l'occultisme, notamment à la Rose-Croix. Il expliquera plus tard que même s'il ne croyait désormais plus en l'existence d'un quelconque Dieu, il avait encore besoin de spirituel dans sa vie. Toutefois cette période ne durera que très peu de temps : très vite, il en arrivera à la conclusion que puisqu'il n'existe ni Dieu ni rien d'autre en-dehors du monde matériel, toute forme de spiritualité est vaine.
Pendant ses années d'études à Oxford, puis pendant ses premières années en tant que professeur dans la même Université, Lewis est athée par conviction. En même temps, il reste fasciné de mythologie, et il passe des heures a rêver à ces univers grandioses. Et presque paradoxalement, ce sont ces rêves qui, sans qu'il ne s'y attende lui-même, vont le conduire à la foi chrétienne.
L'évolution de la pensée de Lewis dure plusieurs années, et plusieurs dizaines de pages dans son autobiographie, il serait donc beaucoup trop long de la décrire en détail ici. Une personne, en particulier, jouera un grand rôle dans la conversion de Lewis : son collègue à Oxford qui est rapidement devenu son meilleur ami, J.R.R. Tolkien. Tolkien est catholique pratiquant, et en même temps il est lui aussi fasciné par les mondes mythologiques... et même, il pense que toutes ces mythologies préfigurent l'Evangile chrétien. Par ses longues discussions avec Tolkien, et par de multiples lectures à-travers les années, l'athéisme de Lewis est de plus en plus ébranlé.
C'est en 1929, à l'âge de 32 ans, que C.S. Lewis se met à genoux dans sa chambre pour la toute première fois de sa vie, et qu'il prie pour confier sa vie à ce Dieu dont il a pendant si longtemps nié l'existence. Toutefois, ce Dieu n'est pas encore pour lui le Dieu chrétien, le Dieu de la Bible : il s'agit uniquement d'une conversion au théisme, à un Dieu inconnu et inconnaissable, totalement étranger à l'humanité, qui ne se trouve dans aucune religion et dans aucun Livre saint. A partir de ce moment-là, Lewis participera régulièrement aux cultes de la chapelle anglicane de l'Université, pas parce qu'il se considère comme chrétien mais seulement parce qu'il estime qu'il a le devoir d'une façon ou d'une autre de rendre un culte à ce Dieu qu'il a découvert. Mais le temps passe, et petit à petit, au fur et à mesure qu'il redécouvre les fondements de la foi chrétienne, Lewis se rend compte que le personnage de Jésus est radicalement différent de tous les autres personnages mythologiques. Dans un de ces livres, il écrit : Il n'y a que deux possibilités : ou bien Jésus-Christ est le plus grand fou, le psychopathe le plus dangereux de toute l'histoire de l'humanité, ou bien il est réellement le Fils de Dieu et le Sauveur du monde. Le texte des Evangiles ne nous laisse pas d'autre choix."
Lewis affirme qu'il n'y a pas un instant précis auquel il est devenu chrétien, sa conversion au christianisme est le fruit d'un long cheminement de pensée. Mais c'est 3 ans environ après avoir découvert la foi en Dieu, à 35 ans donc, qu'il en arrive à la certitude que l'Evangile est la vérité et qu'il déclare ouvertement qu'il est chrétien.
Lewis devient un membre fidèle de l'Eglise anglicane (à la déception de son ami Tolkien qui espérait qu'il se convertisse au catholicisme). Vers la fin de sa vie, il se rapproche de la tendance "high Anglican", une branche de l'Eglise anglicane qui est restée proche de la théologie catholique. Et il passe la plus grande partie de son temps libre à écrire des livres qui parlent de la foi chrétienne, tout en restant le plus large possible pour éviter les particularismes des différentes tendances et dénominations. Son idée : rendre le message de l'Evangile facilement compréhensible à tous, en le débarrassant de toutes les notions secondaires pour se concentrer uniquement sur l'essentiel : Jésus-Christ mort sur la croix à notre place. Les Chroniques de Narnia, une série de 7 livres fantastiques pour enfants, sont ses œuvres les plus connes aujourd'hui.
Puisque cet article est déjà long, je vais très prochainement en écrire un autre, plus spécifiquement sur Les Chroniques de Narnia.
3 commentaires:
Tu as fais beaucoup de recherches pour cet article. Très intéressant, je ne savais pas cela.
Tu as fait beaucoup de recherches; très intéressant. je ne savais pas cela.
Tu devrais lire cet article, qu'en penses tu?
http://www.latrompette.net/post/A068-CSLewis-Narnia.htm
Enregistrer un commentaire