lundi 2 mars 2009

Martin Luther King


Salut !

Je pense que tout le monde a reconnu le personnage sur la photo : Martin Luther King, héros du mouvement de lutte non-violente contre la Ségrégation et pour la reconnaissance des droits des Noirs Américains. Sa vie publique est connue : comment il a commencé par organiser un boycott des bus par la population Noire dans sa ville de Montgomery pour protester contre la Ségrégation raciale dans les bus de l'Illinois, comment il a participé en 1963 au Civil Rights March suite à l'élection du Président Kennedy qui a aboli la Ségrégation et accordé le droit de vote aux Noirs (seulement en 1964 ! faut s'en rendre compte aujourd'hui), comment à l'issue de cette marche il a prononcé son célèbre discours "I have a dream", comment il a reçu le prix Nobel de la paix en 1964, comment il a par la suite prix position contre la guerre au Vietnam et la course à l'armement atomique, et enfin comment il a été assassiné en 1968 par un militant de la suprématie Blanche. Mais ce dont on parle beaucoup moins, en tout cas ici en France, c'est que Martin Luther King était aussi un chrétien convaincu, et que c'est dans l'Evangile qu'il trouvait l'inspiration pour toute son action.

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L'arrière-plan familial de King prête à réfléchir : son arrière-grand-père était encore esclave dans une plantation de coton et pasteur d'une petite Eglise de huttes composée d'esclaves, son grand-père un pauvre travailleur agricole et prédicateur laïc, son père est devenu le pasteur d'une des plus grandes Eglises noires du pays. Son grand-père maternel, Adam Jones, était également pasteur et un pionnier de la lutte contre les discriminations des Noirs : il a réussi à faire autoriser des universités pour étudiants Noirs. Le père de King épouse la fille d'Adam Jones, et reprend par là le flambeau de la lutte pour les droits des Noirs, et même en 1931 (Martin a 2 ans) il succède à son beau-père comme pasteur de l'Eglise baptiste d'Ebenezer, à Atlanta. Sa famille est victime de la Ségrégation, mais elle est tout de même plus aisée que la majorité des Noirs Américains de cette époque. Martin Luther King lui-même expérimente pour la première fois la Ségrégation raciale dans son pays quand, à 6 ans, ses camarades blancs lui disent qu'ils n'ont plus le droit de jouer avec lui... Par la suite, il fait des études brillantes, et saute deux classes au collège. A 15 ans, il entre à l'Université d'Atlanta, pensant faire des études de droit pour devenir avocat. Mais Dieu en décida autrement... Dans la famille King, la foi chrétienne est omniprésente depuis plusieurs générations, son grand-père et son père étaient pasteurs, mais Martin lui-même n'avait jamais montré un grand intérêt pour ces choses : il se croit trop intelligent, trop intellectuel pour devoir se soucier de Dieu, et d'ailleurs il est mal à l'aise dans les Eglises Noires, où le culte est très émotionnel, avec des hommes et femmes très pauvres qui s'adressent à Dieu à voix haute, souvent en pleurant, lui criant leur souffrance et le remerciant pour l'espoir qu'il leur donne en Jésus-Christ. Mais à l'Université, plusieurs de ses professeurs sont eux-mêmes chrétiens, et Martin se rend compte qu'être chrétien n'est pas en contradiction avec une grande soif intellectuelle. Très peu de temps donc après le début de ses études, il se décide enfin à se mettre à genoux devant le Dieu de ses parents qui n'avait encore jamais été le sien, pour lui demander pardon d'avoir voulu faire sa vie sans lui et pour tout ce qu'il avait fait de mal, et il accepte Jésus, mort sur la croix à sa place, comme son Sauveur. Par la suite, il arrête ses études de droit pour faire des études de théologie, et à 17 ans, il est ordonné pasteur, dans l'Eglise de son père. Il deviendra le pasteur assistant de son père, puis pasteur à plein temps de l'Eglise baptiste de Dexter, dans la ville de Montgomery en Alabama.

Tout grand homme public a des modèles, des mentors. Martin Luther King lui-même en avait plusieurs, le principal étant le "Mahatma" Gandhi, militant indépendantiste Indien et pionnier de la lutte non-violente en Inde. Gandhi se disait lui-même à la fois chrétien et hindouiste et son idéologie de la non-violence est inspirée à la fois de la philosophie hindouiste de paix universelle et d'harmonie avec la nature et du Sermon sur la Montagne qu'il considérait comme "le plus extraordinaire discours de l'histoire". On peut dire que peu d'hommes avant lui ont aussi bien compris le message de Jésus dans le Sermon sur la Montagne, et Gandhi est un homme que je respecte profondément, mais cependant pour lui, comme pour le philosophe allemand Kant, Jésus n'est que l'exemple moral à suivre, rien de plus, et sa mort sur la croix ne signifie rien de particulier. King a été profondément marqué par son idéologie politique, notamment par les moyens qu'il propose pour la lutte non-violente. Un chrétien a tout à fait le droit d'avoir pour modèle dans son action publique un homme non-chrétien. Mais King lui-même disait que Gandhi les moyen d'action lui sont venus de Gandhi, mais l'esprit de la résistance passive, de la non-violence, du refus de la vengeance et de l'amour des ennemis, viennent de l'Evangile.

Martin Luther King exprime sa foi dans son livre : La Force d'aimer, qui est l'imprimé de quelques-unes de ses prédications, + une Epître de Paul aux chrétiens d'Amérique qu'il a écrite. Je viens de finir de lire ce livre, et je le recommande chaudement à tous. Je vous donnerai quelques extraits à lire ici la semaine prochaine.

Pour ne pas que mon article soit trop long, je propose à ceux que ça intéresse d'aller voir un texte que j'ai envoyé par mail à tous mes contacts l'année dernière, à l'occasion du 45° anniversaire du discours I have a dream, le 29 août 2008. Et Barack Obama qui a "récupéré" cette date symbolique pour son discours d'investiture de candidat... j'aime assez Obama dans l'ensemble mais je trouve ça inadmissible de profiter de dates comme ça à des fins électoralistes...

Martin Luther King est mort assassiné le 4 avril 1968 par un fanatique blanc. Il avait tout juste 39 ans. Mais sa mort n'était pas son échec : elle était au contraire le signe de sa victoire, qu'il a été prêt à payer le prix ultime, dans son amour pour tous les hommes, Noirs et Blancs. Et c'est par sa mort qu'il a pu rencontrer son Père, qu'il a servi toute sa vie, et qui lui a donné la force de tenir ferme dans son combat si terriblement difficile.

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