mardi 17 avril 2012

Théologie autour d'une bière

Bonjour à tous !

La semaine dernière ayant été ma dernière semaine de cours avant les exams de fin d'année, dans mon institut nous nous sommes accordés quelques petits moments de détente pour clôturer en beauté et dans la bonne humeur : goûters, sorties au bar, etc.
Par exemple, mercredi après-midi nous sommes allés boire un coup (despé pour moi :-) ) avec mon prof de traduction français-espagnol. Et c'est là que j'ai eu une discussion à propos de ma foi avec quelques potes de promo qui m'a donné beaucoup à réfléchir ces derniers jours... au point de vouloir en faire un article sur mon blog.

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Cette discussion a commencé quand une camarade de promo m'a raconté que pendant son année Erasmus en Grande-Bretagne, une de ses amies là-bas qui luttait avec la dépression s'est convertie à Jésus-Christ dans une église évangélique et a été guérie de son mal-être en trouvant un nouveau sens à sa vie dans le message de l'Evangile... mais cela a aussi beaucoup perturbé ses relations avec sa famille et ses amis qui ne partagent pas cette foi, qui ne la comprennent plus et ont l'impression de l'avoir perdue. Ma camarade de promo regrettait que son amie n'ait pas réussi à s'en sortir par elle-même ou grâce au soutien de son entourage et elle a parlé de secte et de prosélytisme. (Si elle lit cet article et qu'il s'avère que j'ai mal compris ce qu'elle a voulu me dire, je l'invite bien évidemment à me corriger.) Qu'est-ce que je peux répondre à ça en tant que chrétien ? D'une part, j'avais envie de lui dire qu'elle devait tout simplement être heureuse de voir son amie aller mieux ; d'autre part, je ne voulais surtout pas me montrer insensible à sa douleur. Et sincèrement, je peux tout à fait comprendre que pour quelqu'un qui ne comprend pas ce que la foi chrétienne implique dans la vie d'un croyant, être témoin d'un tel changement a de quoi surprendre, voire inquiéter.
De cette discussion est née en moi une réflexion que j'ai eu envie de partager ici.

Une béquille pour les invalides ?!
J'ai cru voir dans les propos de ma camarade de promo les reflets de deux idées typiquement occidentales et très répandues. D'abord, l'idée selon laquelle le fait de se donner entièrement, corps et âme, à une foi en un Dieu dont l'existence ne peut être objectivement démontrée est irrationnel et que celui qui tombe aussi bas est un faible d'esprit qui a forcément été manipulé, embrigadé. En France surtout, patrie de Descartes et de Voltaire, cela fait des siècles que nous portons la raison et la science au pinacle... au point que tout ce qui est spirituel, surnaturel, bref tout ce qui n'est pas rationnel, suscite la méfiance, surtout quand ce sont nos proches qui sont impliqués. De plus, notre nation ayant derrière elle une longue et sombre histoire d'obscurantisme et d'abus de pouvoir de la part de l'Eglise catholique, depuis la Révolution de 1789 la société française aspire à se libérer de tout ce qui subsiste encore des chaînes de l'oppression religieuse.
Ensuite, l'idée selon laquelle la foi, en offrant l'espoir d'une vie meilleure après la mort, permet de s'évader pour ne plus avoir à faire face aux épreuves de la vie. Karl Marx qualifiait déjà la religion d'"opium du peuple", Sigmund Freud de "névrose collective". Une béquille pour les handicapés de la vie ? Un rêve, qui console quand la réalité est trop sombre mais qui reste une illusion, un échappatoire ? Le croyant, un esprit faible, un aveugle ? Et le bon Dieu, une version pour adultes du Père Noël ou du marchand de sable qui te donne des beaux rêves ?
Eh bien ça va peut-être vous surprendre, mais en tant que croyant je suis en partie d'accord avec cette idée. La toute première aspiration de l'être humain de tous les temps a été la liberté : être le seul maître de son destin, mener sa vie comme bon lui semble. "Né pour être libre, ah laissez-moi le choix de ce qui est bon pour moi." Mais Dieu nous appelle à faire exactement le choix contraire : à le laisser prendre les rênes de notre vie, dépendre de lui car c'est dans ce but, pour cette relation avec lui comme celle d'un petit enfant avec son père, que nous avons été créés. La base même de la foi chrétienne est de reconnaître son état de pécheur perdu et d'accepter la grâce gratuite de Dieu qui a envoyé son Fils Jésus-Christ souffrir et mourir à notre place. Les croyants témoignent souvent que c'est quand ils ont pris conscience de leur propre échec, quand leur volonté de vivre leur vie sans se soucier de Dieu les a conduits dans une impasse et que tout espoir semblait perdu pour eux, qu'ils ont crié au secours et que Dieu est intervenu pour les restaurer pleinement. Dans ce sens, oui, un croyant est effectivement quelqu'un de faible : quelqu'un qui a conscience de sa faiblesse, de son incapacité de mener sa vie par lui-même, qui reconnaît que lui aussi a dans son orgueil rejeté son Créateur et qui choisit de le laisser revenir dans sa vie.

Un sens à la vie... ou le sens de la vie ?

Début 2010, le golfeur Tiger Woods (sur la photo), à l'époque n°1 mondial, a choisi d'interrompre sa carrière pour se concentrer sur le rétablissement de son mariage après plusieurs affaires de relations extra-conjugales. Le 19 février, lors d'une intervention télévisée, il a eu le courage d'apparaître devant les caméras du monde entier pour demander publiquement pardon à sa femme et à tous ceux que son comportement irresponsable avait blessés. Moi, j'ai vu cette intervention par hasard, j'étais en train de manger un kébab et le propriétaire du kébab avait la télé allumée. Je me rappelle avoir été très marqué par son courage et sa franchise face aux erreurs qu'il avait commises. Dans les semaines qui ont suivi, Woods a suivi une thérapie pour traiter sa dépendance sexuelle. Il a annoncé trouver un sens aux épreuves qu'il traversait et la force de persévérer dans les enseignements philosophiques du bouddhisme. Aujourd'hui, il a repris sa carrière et est presque de retour au sommet de sa forme.
Tiger Woods a trouvé un sens à sa vie dans une forme de spiritualité étrangère à la foi chrétienne. D'autres le trouvent dans les relations, les amitiés, dans le sport, l'art, l'aide humanitaire, etc... pourquoi pas dans la traduction ^^. Toutes ces choses peuvent être d'une aide précieuse pour avancer, faire face à la souffrance, persévérer dans l'adversité, etc. Beaucoup y ont trouvé une réelle consolation et une force pour construire une vie meilleure. Je me rappelle même que le dimanche suivant cette intervention de Tiger Woods, le pasteur de l'église que je fréquentais à l'époque à Dijon l'a évoqué comme un exemple pour nous.
Mais la foi chrétienne est différente de toutes ces choses. Le croyant croit qu'il a été créé par Dieu. Il croit que l'incroyant aussi a été créé par Dieu, qu'il n'en a seulement pas conscience. Pour le croyant, la vie humaine a un but précis, l'homme a été créé dans ce but : être en relation avec le Créateur, de le connaître. Il ne s'agit pas d'un sens subjectif que je choisis en tant qu'individu de donner à ma vie, mais du sens même de la vie, de la raison pour laquelle j'existe, pour laquelle chaque personne existe, qu'il accepte de vivre dans ce but ou non car c'est là son libre arbitre. Donc, lorsqu'une personne découvre cette vérité, il découvre la raison objective de son existence et entre dans les plans pour lesquels il a été créé. Il n'y a évidemment rien de plus épanouissant que de suivre les plans pour lesquels on a été conçu.

Deux visions du monde, de l'homme et de la vie
La discussion s'est poursuivie et ma camarade m'a expliqué notamment qu'elle était gênée par l'approche "prosélyte" qu'elle avait vue dans l'église de son amie. Elle m'a dit qu'elle, qui se considère athée et croit en la science, ne se permettrait jamais de chercher à me convaincre du bien-fondé de sa vision du monde. Je lui ai répondu que ça ne me choquerait pas qu'elle le fasse ! Au contraire : je trouve beaucoup plus intéressant et constructif de discuter avec quelqu'un qui pense que je me trompe et souhaite me convaincre (évidemment tant que la discussion reste respectueuse dans la forme et soit accompagnée d'une réelle remise en question des deux côtés). J'ai toujours dit que si un jour j'étais convaincu que ce que je crois est faux, j'étais entièrement prêt à changer d'avis du jour au lendemain, et je m'attends à la même chose de la part des personnes avec lesquelles je parle.
Une autre camarade qui était assise à côté de moi a réagi en disant que pour une personne non croyante, la question n'était pas d'une importance fondamentale et que si la foi était bénéfique à un croyant pour sa vie sur terre, un athée n'avait aucune raison de vouloir l'en dissuader, alors que pour un croyant la question est beaucoup plus importante puisque les enjeux dépassent la seule vie terrestre.
En effet, la question de la véracité ou non de la foi chrétienne implique d'énormes différences dans les visions du monde, de l'homme et de la vie qui en découlent. Si Dieu n'existe pas et qu'il n'y a rien en-dehors du monde que nous connaissons, alors l'homme est le seul maître de son destin, son existence est le fruit du hasard et n'a pas de raison ni de but particulier. A partir de là, c'est chaque individu de choisir lui-même quel sens il veut donner à sa vie (par exemple la construction d'un monde meilleur pour les idéologies "politiques" comme le communisme ou le libéralisme, ou encore profiter un maximum de tous ses plaisirs pour l'hédonisme individualiste). Si la foi chrétienne est la vérité, alors au contraire, l'homme a été créé par Dieu, son existence a donc une raison et un but. Dès lors, le libre arbitre de l'homme sera d'accepter de vivre sa vie avec Dieu, ce pourquoi il a été créé, ou de le rejeter et d'être séparé de lui.
Dans ce sens, oui : je suis prosélyte (encore qu'il faut s'entendre sur ce terme, qui sous-entend souvent une forme de manipulation psychologique). Parce que je crois que ce que je crois est la vérité, je souhaite que d'autres découvrent aussi cette vérité que j'aie découverte, parce que je veux le meilleur pour eux. C'est la raison notamment pour laquelle je tiens ce blog, c'est la raison aussi pour laquelle lorsque ce sujet survient dans une conversation, je dis clairement ce que je pense, sans pour autant baratiner mon entourage ou exercer une quelconque pression sur qui que ce soit. Mon souhait le plus cher pour tous ceux que j'aime est qu'ils connaissent Celui qui les a créés et les aime d'un amour infini. Mais, parce que je sais que Dieu laisse à chacun la liberté la plus totale de lui ouvrir ou non les portes de sa vie, je respecte moi aussi cette liberté.

Conditionnés par l'éducation ?
Pendant notre discussion, une autre étudiante a dit qu'il lui paraissait important de donner une éducation religieuse à ses enfants, qu'on soit soi-même croyant ou non, pour leur permettre de connaître ; puis de les laisser libres de faire leur choix. Ce à quoi la première camarade a répondu que pour elle, la foi ou l'absence de foi était déterminée par l'éducation reçue.
Sommes-nous conditionnés par notre éducation, celle-ci nous enlève-t-elle notre liberté de choisir ? Non, je ne crois pas. Bien sûr, l'éducation joue ici un rôle extrêmement important, dans le sens où elle permet de connaître les bases de la foi. D'ailleurs, les personnes ayant reçu une éducation chrétienne, même si elles s'en sont détournées, gardent pour toujours cet héritage et si elles choisissent d'y revenir par la suite elles ont encore la connaissance de ce qu'elles avaient appris dans leur enfance. Et je vous fais un aveu : en effet, j'ai moi-même été élevé dans une famille pour laquelle la foi chrétienne avait une grande importance et je ne peux pas nier que cet héritage a été pour beaucoup dans ma propre découverte de la foi. Mais il n'aurait aucun fondement sans une décision personnelle fondée sur mon propre libre arbitre.Par ailleurs, les innombrables témoignages de personnes dont le rapport à la foi a subitement changé à l'âge adulte sont la preuve que nous ne sommes pas conditionnés par notre éducation. Depuis le début de mes études, je suis engagé au Groupe Biblique Universitaire, une association étudiante que j'ai d'ailleurs déjà évoquée plusieurs fois sur mon blog, qui réunit des étudiants de tous horizons pour lire et échanger autour de la Bible sur le campus, comme par exemple sur cette photo d'une de nos soirées. Une des choses qui me frappe le plus au sein de ce groupe, c'est la diversité des personnes qui le composent : il y a des jeunes qui, comme moi, ont grandi dans des familles chrétiennes et ont toujours baigné dans ce milieu, d'autres issus de familles chrétiennes qui se sont longtemps éloignés de la foi avant d'y revenir, d'autres encore qui n'ont qu'une éducation religieuse purement traditionnelle, d'autres enfin d'arrière-plan athée, scientifique rationaliste, gauchiste anticlérical ou tout simplement indifférent à ces questions, ou encore issus d'autres formes de spiritualités comme l'islam, le judaïsme ou les religions extrême-orientales. Ce qui les réunit : chacun d'eux a, à un moment donné de sa vie, fait la découverte d'une foi authentique et vivante en Jésus-Christ.

Conclusion
Voici un résumé de mes réflexions suite à cette conversation avec des camarades de promo mercredi dernier. J'aurais eu encore d'autres choses à dire mais l'article est déjà bien long. Pour conclure, je dirais simplement que j'encourage chacun à ne pas s'arrêter à ce que j'ai écrit ni à d'autres choses qu'il aurait pu entendre, en bien comme en mal, sur la foi chrétienne, mais à faire ses propres recherches pour vérifier par lui-même si ce que je dis est vrai. Cette question est d'une importance tellement vitale que j'encourage chacun à oser y réfléchir sérieusement pour lui-même. Et aussi : je pensais déjà avant, et maintenant j'en suis encore plus convaincu, que le meilleur endroit pour parler de tels sujets, sans tabous ni clichés, est... dans un bar, devant une bonne bière !

1 commentaire:

La Modo a dit…

Bonsoir, c'est Audrey !

j'ai lu ton article de cette semaine avec attention. Je voulais juste te dire que depuis un mois, je suis un culte en groupe de jeunes évangélistes, à Paris.

Ce courant de la foi chrétienne m'épate pour cette capacité que vous avez à oser parler et communiquer sur votre Foi. Avec sincérité, humour, recul, et surtout en utilisant toujours au mieux tout son bon sens et sa raison (des cadeaux de Dieu!!).

Cette semaine, le Pasteur a dit et répété "ne vous arrêtez à aucun "ouie-dire" / racontar à propos de la parole de Dieu !!!! Fouillez vous-même dans la Bible, et ensuite on travaillera à traduire la Parole ensemble, en langage actuel. Car l'Evangile, c'est un message d'actualité !!!!!". Bref, ça m'a fait penser à ton blog héhé, trop fort :) !!!

BONNE CONTINUATION :) !!!