lundi 22 novembre 2010

Le Seigneur des Anneaux : Boromir

Salut tout le monde !

Suite à mon dernier article sur le Seigneur des Anneaux, j'ai eu envie d'écrire mes réflexions à-propos de certains personnages de l'aventure. Je commence par celui qui, je dois le dire, est le personnage dans lequel je me reconnais le plus, peut-être parce qu'il est le plus humain ? Il s'agit de Boromir.

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Boromir est le fils aîné de Denethor II, l'intendant du Gondor. Son nom vient de "borom" (ferme" et "mire" (diamant) en sîndarin, une des langues elfiques créées par Tolkien. Il a un jeune frère, Faramir, qui a 5 ans de moins que lui, et ils sont les meilleurs amis du monde, malgré que leurs caractères sont extrêmement différents. Au moment de la naissance de Boromir, les rois du Gondor sont en exil depuis très longtemps, et les intendants gouvernent à leur place depuis déjà plusieurs générations. Son père, Denethor, est le 26° "intendant régnant" (je ne sais pas si l'expression est correcte en français, je n'ai lu le Seigneur des Anneaux qu'en anglais ^^), et il est beaucoup plus fort et plus noble que ses ancêtres, et il est aussi renommé pour son orgueil. Cependant, malgré sa fierté, Denethor n'a jamais osé s'approprier les symboles royaux : pas question pour lui de prendre place sur le trône du Gondor, de saisir le sceptre royal ou de hisser l'étendard des Rois ! Par contre, les Appendices du Seigneur des Anneaux nous révèlent que Boromir caresse d'autres projets dans le secret de son cœur : lorsqu'il héritera de son père, il envisage de se proclamer Roi du Gondor. C'est pourquoi sa rencontre avec Aragorn, le descendant d'Elendil et l'héritier légitime du trône, le troublera profondément, et ce n'est que sur le seuil de la mort qu'il le reconnaîtra enfin comme son Roi.

La description physique de Boromir montre qu'il est issu de la haute lignée numenoréenne : Tolkien décrit comme "un homme de haute taille au beau et noble visage, aux cheveux bruns et aux yeux gris, au regard fier et grave". L'attitude de Boromir est celle d'un grand seigneur, il est noble, fier, et en même temps profondément loyal, il a foi en la grandeur de son peuple et est prêt à tout pour défendre le Gondor. Il a aussi une autorité naturelle qui en fait un grand capitaine militaire, et surtout, un profond sens de l'honneur. Par contre, il s'intéresse peu au savoir. En cela son caractère est exactement le contraire de celui de son frère Faramir. Puisque son caractère est beaucoup plus proche de celui de son père, Boromir est le favori de celui-ci. Il passe son temps à courir d'aventure en aventure, il cherche avant tout à se couvrir d'honneurs... Et c'est ainsi qu'il est envoyé par son père comme messager à Rivendell, auprès d'Elrond, et qu'il devient ensuite membre de la Communauté de l'Anneau.

Dès le début, Boromir fait preuve d'une grande loyauté envers les autres membres de la Communauté. Même s'il voit Aragorn comme un rival dès l'instant où ils se sont rencontrés, il est beaucoup trop loyal envers le Porteur de l'Anneau pour lui chercher querelle aussi longtemps que la Communauté subsiste. Cependant, dès le début, il doute de la sagesse de la décision qui a été prise lons du Conseil d'Elrond : détruire l'Anneau. Il ne voit que la puissance de l'Anneau unique, et pas le danger qu'il représente, et il préfèrerait l'amener à Gondor et l'utiliser contre Sauron et contre les forces du Mal. Mais il ne voit pas que la puissance de l'Anneau unique est telle que personne ne peut le dominer, et que si quelqu'un tenterait de s'en servir même dans une juste cause, cette puissance le détruirait et le rendrait esclave de l'Anneau et de son pouvoir maléfique. Boromir ne désire pas le pouvoir de l'Anneau pour lui-même, mais il veut s'en servir pour vaincre le Mal et sauver son peuple. Son attitude me paraît tellement humaine : il veut se servir de l'Anneau pour faire le bien, pour aider son peuple, et il croit naturellement qu'il est le seul à pouvoir résister à ses attraits maléfiques, le seul qui ne se laissera pas corrompre par son pouvoir. Vouloir faire le bien par ses propres forces, sans avoir conscience de sa faiblesse et de son incapacité à y arriver... tel est le grand dilemne de l'homme depuis la nuit des temps.

Et finalement, à force de le désirer, Boromir finit par se retrouver pris au piège du pouvoir de l'Anneau : il cherche d'abord à convaincre Frodon de le lui donner volontairement, pour qu'il l'utilise, puis quand Frodon le lui refuse, il le lui prend de force. Et c'est alors que l'irréparable se produit : Frodon s'enfuit, et la Communauté est brisée. Boromir se rend compte de son erreur, et pleure, mais il est déjà trop tard. Quelque temps après, les orcs attaquent, et Boromir meurt en les combattant.

"J'ai tenté de prendre l'Anneau à Frodon. Je le regrette. J'ai payé," avoue Boromir à Aragorn juste avant d'expirer. Cette phrase est extrêmement profonde. Tolkien était un catholique convaincu et les dernières heures de la vie de Boromir ne peuvent se comprendre que par le prisme de la faute et de la rédemption dans la théologie catholique : Boromir pèche en tentant de voler l'Anneau à Frodon, puis il réalise son erreur et se repent. Pour faire pénitence, il défendra Merry et Pippin contre les orcs, et ira même jusqu'à être tué en voulant les sauver. Puis, juste avant de mourir, sa confession de sa faute à Aragorn vient clore le processus de pénitence, et dans son dernier soupir, il reconnaît Aragorn comme son Roi, (dans le film il le dit directement, dans le livre non, mais c'est clairement sous-entendu) et le supplie d'aller sauver son peuple (profession de foi). Enfin, l'auteur nous laisse entendre que Boromir a été absous de sa faute : lorsque son frère Faramir découvre sa barque funéraire, il a l'air en paix.

Enfin, une idée à laquelle je n'ai jamais pensé moi-même, mais qu'une amie m'a suggéré, et effectivement je me demande si l'auteur n'avait pas effectivement cette idée derrière la tête : la mort de Boromir, blessé par des dizaines de flèches mais qui pourtant continue à se battre contre les orcs aussi longtemps que ses forces le lui permettent, rappellent celle d'un saint très populaire dans le folklore catholique : Saint Sébastien, un chrétien condamné à mort par l'Empereur romain Dioclétien, qui aurait survécu miraculeusement après avoir été criblé de flèches.

La pensée catholique n'est évidemment pas la seule source d'inspiration de l'auteur. Certains spécialistes ont suggéré un parallèle entre la mort de Boromir et celle d'Ajax le Grand, un personnage de l'Iliade d'Homère, grand guerrier et héros de la guerre de Troie, qui meurt lui aussi après une crise de folie. D'après cette idée, les personnages de Faramir et de Denethor représenteraient respectivement Teucros et Télamon.

Pendant toute sa vie, Boromir s'est fait connaître comme un héros, noble, vaillant et intègre. Il était assurément un très grand homme, mais pourtant, il a commis une faute dont les conséquences ont été catastrophiques, pour lui et pour la Communauté. Pourquoi une fin aussi tragique pour un tel homme ? Parce que ce héros n'a pas été capable d'admettre sa faiblesse. Pourtant, il a remporté aussi la plus grande des victoires ! Dans le livre, ses dernières paroles avant de mourir sont adressées à Aragorn : "Allez, Aragorn ! Sauvez mon peuple du désastre. Moi, j'ai échoué." Mais Aragorn lui répond : "Non ! Vous avez vaincu ! Peu ont remporté une telle victoire." (Citation approximative, puisque je n'ai pas le livre en français sous la main et que c'est donc traduit de l'anglais par moi-même ^^.) De quelle victoire s'agit-il ? Boromir a été sous l'emprise de l'Anneau, et il s'en est libéré. C'est le seul personnage dans toute l'histoire à avoir réussi cela. Comment ? Par le seul moyen par lequel c'est possible : la repentance. C'est en avouant : j'ai échoué, que Boromir a remporté la victoire. Même si je pousse peut-être l'analogie trop loin, on pourrait presque dire que Boromir a péché, s'est repenti, et a été sauvé. Et dans la mort, il est en paix. A titre comparatif, avançons un peu dans l'histoire, jusqu'à la scène de la mort de Denethor, son père : celui-ci a défendu son Royaume jusqu'au bout contre les forces du Mordor, mais après avoir vu leur puissance, il pense que tout est déjà perdu, désespère... et se suicide. Boromir aussi a vu la puissance du Mal, mais lui, du moins dans ses derniers instants, a eu foi en le dernier espoir qui subsistait pour son peuple : le retour du Roi, Aragorn, l'Héritier d'Isildur qui vient réparer la faute d'Isildur. Ici encore, Boromir qui reconnaît Aragorn comme son Roi et lui fait confiance pour qu'il sauve son peuple, on peut se demander si ce n'est pas un parallèle voulu par l'auteur avec l'Evangile ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bon article! Je suis d'accord avec toi sur tout les points de vues!
Merci d'avoir retenu mon idée ;)

Au fait, j'ai fait des recherches il n'y a pas longtemps sur le fait que tout le monde gronde à propos des elfes blonds... Et bien figure toi que Tolkien en plus de ne jamais avoir réellement décrit Legolas (comme tu le sais) n'a cité que le nom de son peuple Elfique(dont je ne me souviens plus du nom il faudra que tu fasses des recherches dsl) or, ce peuple se compose majoritairement de bruns et le père de legolas en est un lui-même. Et nah! ;)

Philip777 a dit…

Tiens je ne savais pas ça pour Légolas. C'est donc le film qui l'a modifié ? De toute façon je pensais déjà que Légolas est le plus mauvais personnage du film, il est franchement trop différent du Légolas du livre.

Légolas est un elfe sylvain, un peuple qui vit dans les forêts de Mirkwood, son père Thranduil est le roi de ce peuple.

Anonyme a dit…

Bonjour Philip,

Je ne trouve pas ton adresse email. Alors je profite d'un commentaire pour te passer cette citation de Tim Keller à propos Du Seigneur des anneaux.

http://fromgod2god.blogspot.com/2011/01/tim-keller-about-lord-of-rings.html