Bonjour à tous !
Hier, un terrible drame a secoué le monde du sport : Oscar
Pistorius, l'athlète sud-africain devenu en 2012 le premier sportif
handicapé à avoir participé aux Jeux Olympiques, régulièrement
cité en exemple par la presse pour ses performances sportives, sa
persévérance malgré les difficultés liées à son handicap et son
attitude exemplaire... a été arrêté pour avoir tué sa petite
amie, dont le corps criblé de balles a été retrouvé à son
domicile. Ironie suprême, cette tragédie conjugale a eu lieu
précisément... le jour de la St-Valentin ! Dans un premier
temps, on parle d'un accident : Pistorius aurait entendu du
bruit, pensé qu'il s'agissait d'un cambriolage, sorti son arme et
tiré pour arrêter le cambrioleur... avant de se rendre compte, trop
tard, de son erreur. Entretemps, on parle plutôt d'un meurtre,
parfaitement conscient et même prémédité ! Lors de sa
première audience au tribunal, Pistorius est apparu effondré et a
fondu en larmes.
©Antoine de Ras/AP/Sipa ; image vue dans le Nouvel Obs |
Soyons clairs : je ne prétends pas savoir ce qui s'est
réellement passé et ne vais donc pas jouer au justicier dans cet
article. J'ose à peine imaginer la souffrance de toutes les
personnes impliquées dans cette triste affaire, le terrible désarroi
de Pistorius si la thèse de l'accident était vraie, la colère des
proches de la victime s'il s'agit bien d'un meurtre. Alors, je vais
essayer d'écrire sur ce sujet avec un maximum de sensibilité et
sans émettre de jugement... d'autant plus que l'essence de mon
message est de dire : quelle que soit la vérité dans cette
histoire, je ne suis pas meilleur que Pretorius !
La mort d'un héros
Il y a encore quelques jours, Oscar Pistorius, 26 ans, était une
légende du sport, respectée de tous dans le milieu de l'athlétisme
et au-delà. Amputé des deux jambes au niveau des genoux, surnommé
« the fastest man with no legs » (l'homme sans jambes le
plus rapide au monde, mais c'est moins comique en français ^^), il
avait défrayé la chronique en se qualifiant avec ses prothèses
pour l'épreuve des 400m des Jeux Olympiques de 2012 à Londres,
devenant le premier athlète handicapé de l'histoire à avoir
participé aux JO. Plus encore : il avait établi un nouveau
record du monde en demi-finale, avant de remporter la médaille
d'argent ! Dans le monde entier, on loue sa volonté de fer, sa
discipline personnelle, sa persévérance. Sa devise : « On
n'est pas rendu incapable par son handicap [en anglais,
disabled=disability], mais on est rendu capable par ses capacités
! » En plus, il utilise sa célébrité et son argent à
bon escient, en soutenant activement des organisations de soutien aux
personnes mutilées. Notre monde a tant besoin de héros...
L'envers du décor...
Mais derrière son masque de légende vivante, la réalité de la vie
quotidienne de Pistorius est nettement moins glorieuse : ceux
qui le connaissent le décrivent comme un « adrenaline freak »,
un jeune homme sympathique et charismatique mais casse-cou et
littéralement accroc aux sensations fortes. En 2009, un grave
accident en bateau à moteur lui avait déjà causé 172 points de
suture. Voitures de tuning dont les pneus crissent à 250 km/h sur
route mouillée, passion pour les films d'action les plus violents,
motos de course, chiens dangereux, ou encore couple de tigres blancs
élevés dans son appartement en ville... tout y passe, y compris
évidemment les armes à feu, qu'il collectionne et dont il enseigne
l'usage à ses amis. Ses amis le décrivent aussi comme paranoïaque,
obsédé par sa sécurité (alors qu'il réside dans le quartier le
plus sûr de son pays). Il a aussi une autre « collection » :
les plus belles femmes se succèdent dans ses bras. Sa dernière
conquête : la top-modèle Reeva Steenkamp... morte le 14
février 2013 des balles tirées par le pistolet 9mm de notre Don
Juan.
Le jour où tout a basculé
Il suffit parfois de quelques instants pour qu'une vie d'apparence
épanouie et remplie de succès se transforme en enfer. Pour
Pistorius, c'était le 14 février 2013, date à laquelle sa petite
amie est morte, chez lui, des balles de sa propre arme ! Ici, il
m'est impossible de dire avec certitude ce qui s'est passé :
meurtre avec préméditation ? dispute et geste de colère qui
aura été fatal ? accident ? Quoi qu'il en soit, une chose
est claire : cela faisait déjà longtemps que Pistorius jouait
avec le feu. Quel que soit le véritable récit des événements de
cette tragique journée, les conséquences sont irrémédiables :
Reeva Steenkamp est morte et Oscar Pistorius risque la prison à
vie...
Comment est-ce possible ?!
Malheureusement, Pistorius est loin d'être un cas unique : les
histoires de célébrités impliquées dans des affaires sordides
foisonnent depuis la nuit de temps. Pourquoi ? Comment a-t-on pu
en arriver là ? Et y a-t-il encore un espoir pour les personnes
comme Pistorius ?
De toute vraisemblance, même s'il est effectivement coupable de ce
meurtre, Pistorius n'a pas eu l'intention de tuer sa petite amie dès
le début de leur relation. Mais dès le départ, il était sur une
pente glissante : il avait des passe-temps dangereux, était
paranoïaque et obsédé par les sensations fortes, et gardait des
armes à feu chez lui à portée de main. A force de glisser de plus
en plus sur cette pente dangereuse, le pire s'est produit.
Déjà dans l'Antiquité biblique...
Bathshéba au bain, de Rembrandt |
Voyez plutôt : au début du récit biblique (qu'on trouve au
chapitre 11 du 2° livre de Samuel), l'armée d'Israël est partie en
guerre... mais David est resté chez lui, dans son palais, alors que
sa position lui confère le devoir de commander ses troupes sur le
champ de bataille. Plus précisément, le texte dit que David « se
promenait, de nuit, sur le toit de son palais »... un roi qui
se la coule douce pendant que son peuple est en train de se battre
pour lui ça ne vous choque pas ?! La place de David aurait été
au front, avec ses troupes.
Donc, il fait nuit et David se promène sur le toit de son palais...
et c'est là qu'il voit une belle femme en train de se baigner !
Au vu de ce qu'on sait de la vie conjugale de David, ce n'était
sûrement pas la première fois qu'il voyait un corps féminin...
mais là, la vue de cette femme nue lui fait perdre tout bon sens.
Alors, David demande d'abord qui est cette femme et apprend qu'il
s'agit de Bathshéba, la femme d'Urie, un de ses soldats. Ca tombe
bien : il est absent en ce moment, parti à la guerre... Donc,
ni vu ni connu, David envoie un serviteur chercher discrètement
Bathshéba et passe la nuit avec elle. (L'histoire ne dit pas si elle
a eu le choix, mais au vu de ce que représentait l'autorité royale
à l'époque elle n'aurait probablement pas eu son mot à dire...)
David se disait que le mari n'en saurait jamais rien... sauf que pas
de chance : quelque temps après, Bathshéba lui fait savoir
qu'elle est enceinte ! AÏE !!! Son mari n'est pas là et
elle est enceinte... les gens vont se poser des questions !
Mari pas là+femme enceinte=problème... solution de l'équation :
mari revient=problème résolu. Donc, David envoie un message à son
général pour lui demander de lui envoyer Urie, officiellement pour
prendre des nouvelles de comment se passe la guerre. Urie revient
donc et David lui dit que comme il s'est bien battu il mérite
bien un petit congé et d'aller passer un peu de bon temps avec sa
femme. Si Urie tombe dans le panneau, tout le monde, y compris Urie
lui-même, pensera que c'est le mari qui est le père.
Nouveau problème : Urie est un soldat, et un soldat ça ne
couche pas avec sa femme pendant le service ! Urie préfère
aller passer la nuit avec les gardes du palais... une nouvelle façon
de rappeler à David que lui aussi, devrait être avec ses soldats.
Le lendemain soir, David invite Urie à manger et à faire la fête
chez lui, s'arrangeant pour que le vin coule à flot : quand il
sera ivre, Urie acceptera bien d'oublier son service et de rentrer
chez lui pour la nuit. Mais rebelote : Urie repasse la nuit avec
les gardes.
C'est alors que David accomplit l'irréparable : il écrit une
lettre au général, demandant que lors de la prochaine bataille,
Urie soit placé à l'endroit le plus dangereux, pour qu'on soit
certain qu'il sera tué par l'ennemi. Le pauvre Urie, en bon soldat
loyal, portera lui-même la lettre contenant son arrêt de mort au
général, sans se douter de rien... Cette fois-ci, tout se passe
comme prévu : Urie meurt lors de la prochaine bataille. Il
n'aura jamais su que son roi l'a trahi, puis assassiné. Maintenant,
David est libre d'épouser Bathshéba.
Tout ça a commencé par une banale ballade au clair de lune, mais
pour finir, un innocent est mort... De fil en aiguille, David, qui
dès le départ était dans une situation de compromis, est passé de
l'adultère (voire peut-être viol), au mensonge, puis au meurtre.
Lorsque la nouvelle de cette affaire se répand parmi le peuple, la
royauté est déshonorée.
Un pôv' type comme moi
Il serait facile de montrer du doigt les gens comme Pistorius, ou le
roi David, comme des monstres qui méritent d'être haïs pas la
société, et c'est ce que certains médias (les mêmes qui il y a
quelque temps le couvraient d'honneurs...) n'hésitent pas à faire.
Mais moi, je vois les choses différemment : je vois une
personne ordinaire qui, à force de petits compromis qui deviennent
de plus en plus grands, parfois pour couvrir d'autres manquements
passés, en vient finalement à faire des choix aux conséquences
destructrices pour elle-même et tous ceux qui l'aimaient. Non,
Pistorius n'est pas un monstre inhumain : c'est un homme comme
moi, dont la valeur a été à juste titre louée, qui a fait des
choix tragiques qui ont causé la mort de la femme qu'il aimait.
Attention : je ne fais pas du tout l'apologie de son geste :
s'il est coupable de meurtre, il doit être puni par la justice !
Mais moi, je ne suis pas meilleur que lui.
Parce que je crois qu'en fait, nous méritons tous la mort. Le mal
que nous commettons, nos fautes, nos mauvais choix... dans la Bible,
ça s'appelle le péché, et l'Evangile dit que « Le salaire du
péché, c'est la mort. » Moi, je n'ai jamais tué ma petite
amie (normal, je n'en ai jamais eue), mais j'ai commis d'autres
fautes, fait d'autres mauvais choix, dont certains qui ont blessé
des personnes qui comptent beaucoup pour moi, et même si mes mauvais
choix n'ont pas eu de conséquences aussi tragiques que ceux de
Pistorius, il n'empêche que je ne suis pas moins coupable que lui.
Parce que la gravité de nos fautes ne dépend pas de leurs
conséquences, mais de ce qu'elles sont mauvaises par elles-mêmes.
Alors... quel espoir ?
Dans un paragraphe précédent, j'ai posé la question : y
a-t-il encore de l'espoir pour Pistorius ? Puisque j'ai démontré
que je n'étais moi-même pas meilleur que lui, pas plus que chacun
de mes lecteurs, je me dois d'élargir la question : y a-t-il
encore de l'espoir pour MOI ? pour TOI ???
J'ai cité plus haut un verset biblique qui dit : « Le
salaire du péché, c'est la mort. » En fait, le verset complet
dit : « Le salaire du péché, c'est la mort, mais le don
gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ. »
Ça veut dire quoi ? Pour faire
simple : pour avoir la vie, il faut prendre conscience qu'on
mérite la mort. Lorsqu'on en prend conscience, on peut voir qu'un
autre l'a subie à notre place : Jésus, qui est mort sur la
croix pour prendre sur lui la punition que nous méritions.
Renaître... Repartir à zéro... Effacer toutes les erreurs du passé
et tout recommencer... Qui n'a jamais rêvé de ça ? Eh bien
justement : par la grâce de Dieu, c'est possible. C'est possible
pour Pistorius, même maintenant que sa vie est détruite. C'est
possible aussi pour moi, et pour toi. C'est la base même du message
de l'Evangile : "Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle
créature. Les choses anciennes sont passées, toutes choses sont
devenues nouvelles. Cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec
lui par Christ." (La Bible, 2 Corinthiens 5:17-18)
Cette nouvelle vie ne signifie pas que les conséquences du passé
sont effacées. Quoi qu'il arrive, Reeva Steenkamp restera morte et
Oscar Pistorius devra toujours faire face à la justice et être puni
pour ses actes. Par contre, pour lui comme pour tout un chacun, il
reste possible de recevoir la guérison et une nouvelle vie, une vie
transformée.
Le drame de l'affaire Pistorius nous rappelle que si notre monde a tant besoin de héros, les héros humains sont toujours faillibles mais par contre, il y a un héros qui ne déçoit jamais !!!
Le drame de l'affaire Pistorius nous rappelle que si notre monde a tant besoin de héros, les héros humains sont toujours faillibles mais par contre, il y a un héros qui ne déçoit jamais !!!
1 commentaire:
Merci pour ton article, il est profondement parlant.
Un ton non culpabilisateur mais qui nous montre bien nos responsabilites.
Val
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